Á chaud : Castration chimique et politique de l'émotion...

Publié le par La Bile

Après le meurtre d'une joggueuse, assassiné par un criminel -délinquant sexuel- récidiviste, le débat sur la remise en liberté des condamnés ainsi que sur l'accompagnement thérapeutique de ces derniers, pendant et après leur incarcération, est remis à l'ordre du jour. La proposition qui se discute aujourd'hui est celle de la castration chimique volontaire ou imposée. L'idée de la castration chimique, se présentant comme une solution simple et efficace, présente le défaut de masquer la complexité d'un débat qui fait appel à des notions d'éthique, de déontologie, de projet social et de justice.

Le débat étique pose tout d'abord la question de l'intégrité du condamné. La loi du talion n'étant pas celle de l'état français, l'argument que l'accusé n'a pas respecté l'intégrité de sa victime et que, par conséquent, l'état puisse lui rendre la pareille avec toute sa légitimité institutionnelle me semble irrecevable. 

Ensuite, la castration chimique est un acte médical que seuls peuvent appliquer des médecins, tenus par le serment d'hippocrate qui les engage, entre autres, à ne pas soigner un patient contre sa volonté. Après avoir tenté de transformer les éducateurs en indics, l'état souhaite-t-il vêtir nos médecins de l'habit de bourreau et ainsi transformer la société en un immense dispositif judiciaire ? Je pense que l'accompagnement thérapeutique est un complément indispensable à l'application de certaines peines de justice. Mais je pense que cela tient de la collaboration volontaire de différentes parties. La justice devant tenir compte et se responsabiliser elle-même du bon fonctionnement, ou non, de cet accompagnement.

En effet, la prison doit-elle être considérée comme le simple instrument d'une justice punitive et de vindicte ? Ou au contraire comme un instrument de protection sociale (y compris des condamnées) qui trouve donc sa place dans un ensemble de mesures tendant à minimiser au maximum les risques pour le corps social. Par ailleurs, cette problématique se prolonge dans celle, non pas du pardon, mais de la réhabilitation des condamnés. En effet, il me parait que la justice a le devoir, tout autant que de protéger ses citoyens, d'oeuvrer au maximum pour la réhabilitation des condamnés. Et dans ce sens, la castration chimique, seulement en tant qu'outil thérapeutique, est un élément qui peut légitimement être pris en compte dans le débat.


De ce fait, il me semble choquant qu'un député puisse tenir un tel langage : "Nous devons profiter de ce fait tragique pour mettre en place cette solution qui a fait ses preuves" député UMP Yves Nicolin. 
Une décision politique de ce type peut-elle être prise à chaud, dans la précipitation d'un débat rendu confus par l'émotion légitime que suscite le décès d'une victime ?
Cher M. Nicolin, permettez-moi de considérer que vous n'avez pas été, en tenant ces propos, à la hauteur de votre charge car celle-ci mérite d'être conscient de l'importance de l'accomplir avec raison et discernement. De plus, il me semble indigne d'instrumentaliser la douleur d'autrui, quelques soient les bonnes intentions qui vous animent.  

J'en appelle donc a toute la communauté politique à agir, sur ce sujet comme sur tous les autres, en prenant le temps de réfléchir sereinement, non seulement aux moyens à mettre en oeuvre pour assurer la protection de la société, mais surtout au projet humain qu'impliquent leurs décisions.

L'Etat se doit, en tant que référence fondamentale, d'agir avec humanité, respect, intégrité et optimisme. Sinon le peuple aura le devoir légitime de refuser l'autorité d'un modèle malsain qui oeuvre à sa propre perte.

Nico 

Publié dans société

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O
<br /> Le terme de votation est , à la base, suisse.<br /> <br /> Il est utilisé pour désigner des consultations fréquentes de la population afin de décider telle ou telle réforme.<br /> <br /> Le cas de La Poste ressemble effectivement à une votation à la Suisse.<br /> <br /> <br />
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